Doi: https://doi.org/10.18601/16577558.n26.07
L'impasse de la guerre afghane : Une perspective du réalisme structurel
El estancamiento de la guerra afgana: una perspectiva del realismo estructural
The Impasse of the Afghan War: a Perspective from structural Realism
Priscyll Anctil Avoine*
* Doctoranda en Ciencia política y Estudios feministas, Université du Québec à Montréal. Maestría en Estudios internacionales de paz, conflictos y desarrollo. Asistente de investigación, Université du Québec à Montréal, Montréal (Canada). [priscyll.anctil@gmail.com].
Recibido: 14 de enero de 2017 / Modificado: 14 de marzo de 2017 / Aceptado: 13 de abril de 2017
Para citar este artículo: Anctil Avoine, P. (2017). L'impase de la guerra afghane: Une perspective du réalisme structurel. oasis, 26, 107-121.
RÉSUMÉ
L'engagement des États-Unis en sol afghan découle des prétentions de ce pays à réaffirmer sa puissance hégémonique; cependant, les raisons du maintien des troupes de I'otan, plus de quinze ans après l'invasion sont beaucoup moins évidentes. Les États-Unis n'ont effectivement pas réussi à éliminer, ni même diminuer, les actions des insurgés et le panorama politique s'est complexifié. L'objectifde cet article est donc d'analyser l'occupation afghane par les troupes I'otan à la lumière des postulats et concepts avancés par les réalistes structurels afin de faire une critique de la persistance de l'intervention militaire et de ses effets néfastes sur l'intérêt national des États-Unis. Pour répondre à l'objectif, j'analyse l'engagement des troupes en Afghanistan à la suite des attentats du 11 septembre 2001 et je critique de leur permanence dans ce pays à partir des postulats théoriques de Mearsheimer soutenant l'irrationalité de la poursuite de l'intervention militaire.
Mots-clés: Afghanistan, guerre, réalisme structurel, intérêt national, États-Unis.
RESUMEN
La ocupación militar de Afganistán por parte de Estados Unidos surge de las necesidades de afirmación de su poder hegemónico. Sin embargo, las razones que sustentan la permanencia de las tropas de la otan en el país, 15 años después, son mucho menos evidentes. No se lograron eliminar, ni reducir las acciones de las insurgencias y la situación política se complejizó. El objetivo de este artículo es analizar la ocupación afgana por la otan a la luz de los conceptos propuestos por el realismo estructural, con el fin de hacer una crítica a la persistencia de la estrategia militar y sus efectos perjudiciales para los intereses nacionales de Estados Unidos. Para cumplir este objetivo, se analiza la invasión militar tras los ataques del 11 de septiembre de 2001 y se critica su persistencia en este país a partir de los postulados teóricos de Mearsheimer, los cuales argumentan la irracionalidad de continuar con la intervención armada.
Palabras clave: Afganistán, guerra, realismo estructural, interés nacional, Estados Unidos.
ABSTRACT
The military occupation ofAfghanistan by the United States arises from the needs to reassert its hegemonic power. However, the reasons behind the engagement of nato troops in the country 15 years later are much less evident. In fact, it was not possible to eliminate or reduce the actions of insurgencies and the political situation became more complex. Therefore, the objective of this article is to analyze the Afghan occupation by nato in the light of the concepts proposed by structural realism in order to criticize the persistence of military strategy and its detrimental effects on United States' national interests. To fulfill this objective, I analyze the military invasion ofAfghanistan after the attacks of September 11, 2001 and I finally criticize the presence of foreign troops in this country based on the theoretical postulates of Mearsheimer, who argues on the irrationality of pursuing the armed intervention.
Key words: Afghanistan, war, structural realism, national interest, United States.
INTRODUCTION
L'Afghanistan est en conflit armé depuis plus de trois décennies, se trouvant à l'intersection des intérêts géostratégiques de plusieurs puissances, dont la Chine, la Russie et les États-Unis (Madrid, 2012). La violence n'est donc pas un phénomène nouveau pour ce pays enclavé de l'Asie centrale. Nous pouvons situer le début des hostilités vers la fin des années 1970, plus précisément avec la chute du régime en 1978 et l'arrivée au pouvoir du Parti Démocratique Populaire d'Afghanistan (Runion, 2007). La prise du gouvernement de Kabul par ce parti a entraîné l'invasion du pays par l'Union soviétique, une occupation militaire qui dura jusqu'en 1989. Lorsque les troupes soviétiques perdent la guerre afghane et se retirent, l'Afghanistan plonge dans la guerre civile entre les différents groupes de mujahideens1 qui revendiquent le pouvoir central. C'est l'un des épisodes historiques les plus déchirants pour le peuple afghan puisque la violence a atteint des proportions extrêmes et les crimes demeurent toujours impunis. Un de ces groupes réussit pourtant à se démarquer et à consolider son pouvoir sur la quasi-totalité du territoire, soit les talibans qui, en 1996 prennent la ville de Kabul et instaure un régime politique strict. Même si dans un premier temps, les afghan-e-s ont pu se réjouir de la fin de la guerre civile avec l'arrivée des talibans, la violence était loin d'être terminée: elle s'est plutôt perpétuée et institutionnalisée sous leur régime (Gannon, 2005). C'est ainsi que, après les attaques du 11 septembre 2001, les États-Unis sous l'égide de l'OTAN et avec l'appui militaire de leur alliés, envahissent l'Afghanistan à la recherche des « terroristes » d'Al-Qaeda ayant perpétré et organisé les attentats ayant eu lieu en leur sol. Cette période a été beaucoup plus longue que prévue : débutant en 2001, elle s'est poursuivie jusqu'en 2014, année où les États-Unis ont commencé à retirer leurs troupes du pays. Actuellement, la période historique est donc considérée comme « post-guerre », bien que les opinions soient très mitigées sur le sujet (Anctil, 2015).
Cet article porte donc sur la période « post-2001 », c'est-à-dire sur les conséquences de la politique étrangère des États-Unis en Afghanistan, en partant de la prémisse que l'intervention militaire a été justifiée dans le but d'amener un changement pour la sécurité nationale des États-Unis et de ses alliés, mais aussi pour le peuple afghan au regard des droits de la personne, tout spécialement pour la « libération » des femmes. C'est dans ce contexte, et à partir des questionnements qui surgissent sur la légitimité de la persistance des troupes étrangères en Afghanistan, que le présent article prend forme.
Si plusieurs chercheurs réalistes comme Mearsheimer et Walt (2009) se sont opposés à la guerre en Irak, en s'appuyant notamment sur les postulats de Morgenthau en regard des problèmes dérivant de l'intervention militaire contre des milices révolutionnaires (1969, p. 28), la question afghane a été beaucoup plus mitigée. De fait, contrairement au cas de l'Irak, les États-Unis ont joui d'un appui international important pour légitimer l'intervention et l'occupation militaire de l'Afghanistan en 2001 (Macleod, 2010a, p. 84): les attaques du 11 septembre ont fourni les raisons nécessaires pour la première puissance mondiale dans sa « guerre contre le terrorisme » qui a été présentée comme une menace à sa sécurité nationale, mais aussi internationale.
Les raisons de l'engagement américain en sol afghan apparaissent à première vue, évidentes : l'attaque du 11 septembre était une atteinte directe à l'hégémonie américaine et la réponse devait être à la mesure de la « grandeur » des États-Unis afin de préserver son statut international de première puissance. Ce qui est moins clair, c'est le maintien de la présence américaine en sol afghan après plus de quinze ans et les liens de l'occupation avec l'intérêt national américain. Les États-Unis n'ont effectivement pas réussi à éliminer, ni même diminuer, les actions des insurgés; au contraire, la première puissance a dû changer sa stratégie et entreprendre des pourparlers de paix avec les talibans qui soulèvent la question de la participation du Pakistan dans le processus (Mashal, 2016). De fait, le panorama s'est complexifié : les activités terroristes sont à la hausse au Moyen-Orient, la menace de Daesh pèse sur l'Afghanistan, les pourparlers de paix avec les talibans n'aboutissent pas et, comme le Président Obama l'a lui-même souligné, les forces policières et militaires afghanes ne sont toujours pas en mesure de faire face à l'instabilité et la violence (Obama, 2016; Chaudet, 2016). À cela s'ajoute les constantes violations aux droits fondamentaux en plus des milliers de victimes de la guerre : 104 000 personnes auraient perdu la vie depuis 2001, dont 31 000 civils selon le Watson Institute for International and Public Affairs (2016).
En ce sens, il apparaît important de s'interroger sur la politique étrangère américaine à la lumière des récents événements sur le plan international à partir du point de vue du réalisme structurel ou néoréalisme2, plus précisément en s'appuyant sur trois auteurs principaux de ce courant : Gilpin, Mearhsei-mer et Walt. En effet, est-il dans l'intérêt national américain de poursuivre l'occupation de l'Afghanistan? L'objectif de cet article est donc d'analyser l'occupation afghane par les troupes américaines et I'otan à la lumière des postulats et concepts avancés par les néoréalistes afin de faire une critique de la persistance de l'intervention militaire et de ses effets négatifs sur l'intérêt national et la sécurité des États-Unis. Je défends donc la thèse selon laquelle l'actuelle politique étrangère américaine en Afghanistan va à l'encontre de son propre intérêt national et, par le fait même, nuit considérablement aux prétentions d'hégémonie de la première puissance mondiale. Pour répondre à l'objectif, l'argumentation sera divisée en deux parties principales : (1) l'analyse de l'engagement des troupes en Afghanistan à la suite des attentats du 11 septembre 2001 et (2) la critique de la persistance des troupes dans ce pays à partir des postulats théoriques de Mearsheimer soutenant l'irrationalité de la poursuite de l'intervention militaire.
L'ENGAGEMENT DES TROUPES ÉTRANGÈRES EN AFGHANISTAN : LA DÉFENSE DE L'INTÉRÊT NATIONAL ET DE L'HÉGÉMONIE AMÉRICAINE
Les termes de George W. Bush étaient clairs aux lendemains de l'attaque du 11 septembre 2001 : chaque État devait marquer sa place dans l'échiquier politique de la « guerre au terrorisme » et la première façon de le démontrer était d'appuyer l'offensive américaine sur les talibans. L'enjeu était de taille : l'hégémonie militaire des États-Unis avait été remise en cause à même son propre territoire. Il fallait neutraliser la menace transnationale et asymétrique que représentaient les acteurs terroristes, mais il fallait aussi assurer une paix régionale relative qui ne permettrait pas une prolifération plus grande d'une telle menace (Macleod, 2010b, p. 128). La position d'hégémon mondial des États-Unis lui conférait un avantage militaire mais aussi matériel et culturel pour justifier, devant la communauté internationale, l'intervention sous l'égide de l'OTAN avec la International Security and Assistance Force (isaf ) (Tripathi, 2014, p. 3). Dans cette partie, je présente donc les postulats réalistes qui sous-tendent la rationalité de l'invasion de l'Afghanistan dans le contexte post-2001 à partir d'une conceptualisation de l'intérêt national et de l'hégémonie américaine.
Aux yeux des réalistes, classiques ou néo, il demeure absolument clair que l'État est l'unité d'analyse des relations internationales comme le souligne Gilpin:
La plupart des réalistes, de quelque courant qu'ils soient, s'accordent pour considérer l'intérêt national comme étant « the highest priority of the state »: ainsi, selon Gilpin, les élites qui gouvernent doivent prioriser la sécurité et la survie étatique afin d'éviter une perte d'indépendance ou l'atteinte à son intégrité (1996, p.7). Si Morgenthau défendait l'intérêt national en termes de puissance (Batistella, 2009, p. 129; Macleod, 2010a, p. 68), Mearsheimer considère que la crainte et le désir de survivre amènent les États à prendre la décision de défendre de façon agressive leurs intérêts :
Ainsi, la première puissance mondiale doit assurer sa survie et son hégémonie. Pour les réalistes offensifs, il est clair que les États doivent « gain as much power as possible and, if the circumstances are right, to pursue hegemony » (Mearsheimer, 2006, p. 72). La volonté de maximiser la sécurité de par la nature même du système devient une priorité pour garantir le statut hégémonique (p. 71). Donc, partant de la vision de Mearsheimer, il semble apparaître que nous pouvons appliquer ses cinq prémisses (pp. 73-74) à la décision des États-Unis, comme grande puissance, de pousser l'intervention internationale en 2001 contre le régime taliban. Il faut en premier lieu considérer que pour Mearsheimer4 l'ordre international est fondamentalement anarchique (1), et donc, les États-Unis, à la suite des événements du 11 septembre 2001 ne pouvaient pas compter sur une force supérieure pouvant décider de l'intervention. Ainsi, comme les organisations sont l'extension des États et de leur puissance (Macleod, 2010a, p. 72), le soutien de I'otan était stratégique afin de maintenir la puissance hégémonique des États-Unis et renforcer son positionnement comme puissance occidentale dominante. Les États qui ont participé à la mission de l'ISAF suivent donc également cette prémisse : eux-mêmes défendent leurs intérêts dans un monde anarchique (Walt, 2001/02) ce qui nous amène à la seconde prémisse de Mearsheimer voulant que les États soient dotés de capacité militaire (2) d'intervenir en cas d'offensive ou à des fins préventives pour protéger leurs intérêts puisqu'ils ne sont jamais certains des intentions des autres États (3). En ce sens, les États-Unis devaient neutraliser la menace que représentait le régime favorable aux talibans à Kabul afin d'éviter la menace asymétrique qui pesait contre la puissance, mais aussi pour assurer la survie de l'État (4) en lui-même - la peur étant un facteur crucial dans la réaction agressive d'un État. Finalement, les États possèdent une rationalité instrumentale et donc ils « think strategically about how to survive in the international system » (Mearsheimer, 1994/95, pp. 10-11). Comme la puissance hégémonique américaine avait été mise à mal, il s'avérait primordial de contrer la menace asymétrique qui pouvait faire contrepoids à cette position mondiale. En effet, comme le réitère Mearsheimer, « States should maximize power, and their ultimate goal should be hegemony, because that is the best way to guarantee survival » (2006, p. 75).
D'autre part, les néoréalistes réaffirment que l'accent doit toujours être mis sur l'État comme acteur unitaire des relations internationales. En effet, il est clair pour cette école de pensée que les insurgés cherchent à reprendre le contrôle de l'État afghan comme les talibans eux-mêmes l'ont signifié au mois de décembre 2016 : l'indépendance et le départ des forces d'occupation est pour eux, une condition sine qua non pour débuter les pourparlers de paix (Gul, 2016). En effet, en dépit de la nature transnationale des organisations terroristes, il demeure évident que la fin ultime de la plupart de ces forces asymétriques est la structuration d'un État, ce qui confirme aussi l'argument de Gilpin voulant que « the state still holds a virtual monopoly over human loyalty » (1996, p. 26). De même, et comme c'est le cas pour l'Afghanistan, la plupart des réseaux terroristes reçoivent leur financement par d'autres États qui, en ce sens, défendent leurs intérêts stratégiques. Dans cette logique, l'Afghanistan représente un État « failli5 » (Walt, 2001/02, p. 62) qui ne répond pas aux impératifs du système international et, dans le cas qui nous concerne, abrite des factions qui menacent l'intégrité des États en fournissant un refuge aux « terroristes » d'Al-Qaeda qui, à leur tour, posait un défi transnational à la sécurité nationale.
Le terrorisme international, et surtout le fondamentalisme religieux islamiste, est donc devenu le cheval de bataille des États-Unis afin d'éviter une autre attaque en sol américain. Il s'agit, en suivant les postulats de Gilpin, de comprendre l'intervention comme étant un calcul rationnel coûts-bénéfices, autant du point de vue moral que matériel : l'État intervient puisque ses dirigeants font ces calculs et considère que la guerre est une réponse face à la menace de ses « intérêts vitaux » (Macleod, 2010a, p. 75). En ce sens, la sécurisation de l'État afghan est devenue une priorité pour l'intérêt national américain, la survie de son État et le maintien de son statut de puissance hégémonique : l'invasion était justifiée par « l'existence d'une menace clairement établie contre les intérêts nationaux de l'État agresseur » (p. 84). De plus, les États-Unis en 2001 étaient en position de pouvoir faire face à la menace que représentait l'Afghanistan comme État « failli » : bien que le 11 septembre avait causé beaucoup de victimes, la puissance matérielle et économique n'était toujours pas fondamentalement remise en cause et l'hégémon avait réussi à mobiliser l'intérêt international dans sa lutte contre le terrorisme, qui s'avère être une menace réelle pour plusieurs pays et leur sécurité (Walt, 2001/02, p. 64).
Cependant, l'érosion de la stratégie américaine et la longévité de la guerre afghane posent actuellement des défis différents pour l'ordre international et la politique étrangère américaine. Il devient donc important de réfléchir sur l'efficacité et l'utilité rationnelle d'une telle stratégie quinze ans après l'invasion de l'Afghanistan par les forces de I'otan.
PERSISTANCES DE L'OCCUPATION : MEARSHEIMER ET L'IRRATIONALITÉ DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE AMÉRICAINE DEPUIS 2009
En 1983, le Secrétaire d'État américain Casp-ter Weinberger proposait six points pour délimiter l'engagement militaire des États-Unis hors de ses frontières. Entres autres, il stipulait que les troupes américaines ne devraient pas être engagées à l'étranger à moins que le gouvernement en place soit complètement assuré que leur déploiement assure les « intérêts vitaux » des États-Unis, qu'il soit certain de gagner et que l'objectif militaire et stratégique soit clair (Newland et Johnson, 2007). Mearsheimer argumente dans le même sens en regard de l'actuelle situation de l'occupation militaire de l'Afghanistan. Ce dernier a largement été influencé par ses réflexions sur le Vietnam et sa propre expérience dans l'armée américaine : il en est venu à la conclusion que les grandes puissances commettaient des erreurs tactiques en commençant des guerres dans des pays comme le Vietnam et l'Afghanistan (Schougen, 2012, p. 2). Dans cette section, je vise donc à critiquer la persistance de l'engagement militaire américain à partir du réalisme offensif de Mearsheimer à travers l'opérationnalisation des concepts suivants : sécurité nationale, hégémonie, intérêt national et rationalité.
Obama : le maintien des troupes en Afghanistan au nom de la sécurité nationale
Dans deux de ses discours, celui de 2009 et 2016, sur la question afghane, Obama réaffirme les postures de son prédécesseur sur la sécurité nationale, insistant sur le caractère mondial de la menace. En 2009, il affirmait que « It is, instead, an international security challenge ofthe highest order » compromettant ainsi la communauté internationale une fois de plus à la lutte contre le terrorisme, mais surtout, à appuyer la continuité de la mission en Afghanistan. Plutôt que de se détacher complètement des discours de Bush, Obama réalise un déplacement de celui-ci vers la nécessité de mener à terme les efforts déjà investis dans le pays par la construction de la nation afghane. Ainsi, l'aide des États-Unis à l'amélioration de la sécurité dans le pays est présentée comme essentielle afin d'assurer également la sécurité nationale des États-Unis. Il réitère donc :
La redéfinition de la stratégie est donc plus un continuum avec la politique antérieure: la différence réside dans l'insistance sur la construction de la nation afghane, ce qui sera largement critiqué par les néoréalistes comme Mearsheimer (2011) vu l'énorme défi que cela représente. Obama donnera un discours en 2016 dans la même lignée :
Il tente donc par-là de justifier sa décision de maintenir les troupes américaines et de I'otan en Afghanistan en dépit des nombreuses critiques à cet égard, incluant la plupart des théoriciens réalistes qui s'opposent activement à la continuité de l'occupation du pays. L'intérêt national est repris dans le discours pour renforcer l'idée de la nécessité de la présence des troupes en Afghanistan : les États-Unis ne peuvent pas échapper aux devoirs qui viennent avec le statut d'hégémon.
Bien qu'il avoue, lors de son discours de juillet 2016, que la situation politique en Afghanistan soit très précaire, il dévoile son intention de maintenir les forces de consolidation du régime du gouvernement en place. Il est question de maintenir 9800 soldats jusqu'au mois de décembre 2017 afin de former les forces afghanes et pour des opérations contre le terrorisme (6800 sous le mandat de I'otan avec la mission Resolute Support et 3000 soldats américains avec l'opération Freedom Sentinel) (ecp, 2015, p. 33).
Si Obama a continué de légitimer la présence des troupes en Afghanistan, les réalistes, et tout spécialement les néoréalistes, ont critiqué la politique étrangère américaine en ce sens face à l'instabilité croissante, la multiplication des groupuscules et les faibles progrès démocratiques du régime miné par la corruption à Kabul.
L'irrationalité de l'occupation militaire américaine et les périls pour l'intérêt national
Les réalistes et néoréalistes sont « motivés en premier lieu par un désir d'apporter de l'ordre dans la conduite de la politique étrangère, surtout dans le cas des États-Unis » (Macleod, 2010a, p. 68). Dans cet ordre d'idée, les guerres internationales dans lesquelles ce pays est impliqué demeurent un objet d'étude de prédilection. La plupart des auteurs se positionnent donc dans l'opinion publique et prennent parti quant aux décisions administratives sur la paix et la guerre, comme c'est le cas de Mearsheimer qui a largement commenté la situation afghane à partir de ses postulats du réalisme offensif. Depuis 2009, il s'engage dans une importante critique sur la présence des troupes que la présente section vise à analyser.
Pour Mearsheimer, la guerre afghane avait l'air, au tout début, d'une « good war » pour reprendre les termes utilisés dans son article pour Newsweek (2009) : pour lui, la victoire initiale sur les talibans n'a été qu'un mirage. D'une part, il est maintenant clair qu'en Afghanistan, les efforts ont été très coûteux, le conflit très long et les résultats de l'intervention de I'otan, peu tangibles (Jackson Jr., 2010). Le Président Obama a lui-même avoué que les forces de sécurité afghanes n'étaient pas en mesure de faire face aux menaces internes et externes des différentes factions d'insurgés et plusieurs organismes des droits de la personne réaffirment la volatilité de la situation politique dans le pays (hrw, 2015; ecp, 2015). La sécurité s'est donc, au contraire, largement détériorée depuis 2006 et la menace talibane ne s'est pas du tout estompée, mais plutôt complexifiée (Tripathi, 2014, pp. 4-5). Pour Mearsheimer, la source de ce problème est simple : « a superpower can often topple a hostile regime with relative ease, but then it morphs into an occupying power without an exit strategy. And that usually generates an insurgency » (2009).
D'autre part, les États-Unis sont maintenant engagés sur plusieurs fronts directement ou indirectement, notamment en Syrie, tandis que les guerres d'Iraq et d'Afghanistan ont perturbé l'équilibre de puissance régionale permettant un terreau fertile pour des groupes comme Daesh (Mearsheimer, 2015). Les deux néoréalistes Walt et Mearsheimer argumentent effectivement que:
Despite losing most of its original leaders, al Qaeda has metastasized across the region. The Arab world has fallen into turmoil-in good part due to the United States' decisions to effect regime change in Iraq and Libya and its modest efforts to do the same in Syria-and the Islamic State, or isis, has emerged out of the chaos (2016, p. 70).
Il est également question de voir les conséquences néfastes pour l'économie américaine de maintenir la présence militaire en Afghanistan : plusieurs argumentent que la décision d'Obama ne peut être soutenue financièrement étant donné les multiples fronts sur lesquels se déploient les troupes américaines actuellement (Jones, 2010). Mearsheimer et Walt vont dans le même sens lorsqu'ils soulignent les coûts économiques et humains des guerres d'Afghanistan et d'Irak qui ont coûté respectivement « $4 trillion and $6 trillion and killed nearly 7,000 U.S. soldiers and wounded more than 50,000. Veterans of these conflicts exhibit high rates of depression and suicide, yet the United States has little to show for their sacrifices » (2016, p. 77).
Comme le mentionne Cordesman (2016), il semble impossible de voir les forces de I'otan et des États-Unis « gagner » contre les forces asymétriques et irrégulières afghanes : pour lui comme pour Mearsheimer, la voie militaire n'a visiblement pas fonctionné. Il souligne que les actions devraient être menées sur une base civile et militaire, et non seulement à partir de la militarisation du territoire. Également, les analystes soutiennent que la menace pour les États-Unis s'est maintenant intensifiée à la frontière pakistanaise qui représenterait maintenant le danger le plus éminent pour ce pays en regard du terrorisme international. Tout comme Mearsheimer, Cordesman (2016) souligne que les « U.S. has many competing domestic needs and other strategic priorities » et qu'actuellement, l'« Afghanistan is simply not a critical item on the present U.S. political agenda ».
Force est donc de constater que la stratégie d'Obama en Afghanistan est trop ambitieuse : l'actuel objectif de forger un État moderne et compatible avec les intérêts américains où les forces afghanes auraient le monopole du pouvoir est très utopique en tenant compte du fait que le pays n'a jamais eu de telles caractéristiques (Smith, 2009a). En plus, le gouvernement de Karzai6 s'est finalement avéré corrompu et avec une très faible influence en dehors de Kabul : les insurgés ont réussi à se replier au Pakistan et se confondre avec la population civile (Mearsheimer, 2009).
Ainsi, comme Morgenthau, Mearsheimer considère que la lutte contre une guérilla obscure ne devrait pas entrer dans les priorités de sécurité nationale des États-Unis, pays qui ne devrait pas non plus devenir une force de pacification sur le long terme à travers l'occupation militaire. Les quinze années de guerre en Afghanistan n'ont pas servi le peuple afghan plus que le peuple américain en ce que la menace terroriste ne s'est pas estompée : il est même possible d'affirmer que les actions menées par les États-Unis ont contribué à augmenter le ressentiment face à la grande puissance et son hégémonie.
La politique étrangère des États-Unis ne tient donc actuellement pas compte de la relation coûts-bénéfices et donc, n'est pas rationnellement pensée en termes de maximisation de la puissance. Au contraire, l'occupation afghane est en train de miner l'intérêt national des États-Unis, tout spécifiquement sachant que la géographie du pays est propice à la guérilla et que les tactiques militaires employées depuis 2001 n'ont pas fonctionné et ne font que miner la force économique et militaire de l'hégémon (Mearsheimer, 2001).
Finalement, il est possible de comprendre que les postulats de Mearsheimer viennent réaffirmer un point crucial pour la théorie réaliste : la nécessité de penser « une politique des limites qui reconnaît les dimensions destructives et productives de la politique, et qui maximise ses possibilités positives tout en minimisant son potentiel destructif » (Michael Williams cité dans Macleod, 2010a, p. 78). Ainsi, selon Macleod, l'éthique de la responsabilité « doit être le fondement moral de toute politique étrangère réaliste » (p. 84). Autrement, les États-Unis risquent de compromettre leur intérêt national, c'est-à-dire qu'ils sont face à ce que Kennedy a appelé l'« imperial overstretch », un concept qui renvoie aux dangers encourus lorsqu'il y a une surutilisation du pouvoir militaire par une grande puissance. Selon Kennedy, et cela fait écho aux postures de Mearsheimer, il faudra voir si les États-Unis relèveront le défis de préserver une :
Ainsi, selon le réalisme structurel de Mearshei-mer, l'insistance des États-Unis à rester en sol afghan est non seulement injustifiée en termes d'intérêt national, mais elle aussi contre-productive pour assurer la sécurité de l'État américain sur le long terme. Vue autrement, l'occupation actuelle de l'Afghanistan ne garantit en rien la sécurité nationale ni l'élimination de la menace terroriste à l'origine de l'invasion militaire. Les États-Unis devraient donc accepter la défaite et retirer ses troupes de l'Afghanistan (Mearsheimer, 2009).
CONCLUSIONS PRÉLIMINAIRES
Lindsey Paris-Lopez, 2015
Mearsheimer et Walt reportaient qu'en avril 2016, un sondage réalisé aux États-Unis démontrait que les citoyen-ne-s américain-e-s remettaient en question la politique étrangère de leur pays : 57% affirmaient que « the United States should 'deal with its own problems and let others deal with theirs the best they can » (2016, p. 70). Comme plusieurs réalistes structurels, Mearsheimer et Walt remettent donc en cause la présence militaire des États-Unis en Afghanistan en argumentant que celle-ci est contraire aux intérêts nationaux de la première puissance mondiale. Pour eux, les États-Unis n'ont pas réussi à garantir la sécurité ni du peuple afghan ni du peuple américain. Ainsi, la persistance de la présence américaine et de I'otan en sol afghan n'a pas contribué à réaffirmer l'hégémonie des États-Unis; au contraire, comme argumenté dans le présent article, elle va à l'encontre de son intérêt national.
Cependant, comme argumenté dans cet article et en dépit du désaccord de l'opinion publique, certains auteurs réitèrent la nécessité de poursuivre les actions militaires en Afghanistan puisque ces dernières peuvent contrecarrer ce qui serait fatal pour les intérêts nationaux américains et la sécurité mondiale (Smith, 2009b). De la même manière, Jones argumente ainsi qu'une victoire des talibans à Kabul pourrait aller à l'encontre des intérêts stratégiques des États-Unis et signifierait « playing Russian roulette with U.S. security » (Jones, 2009). Si le raisonnement est basé sur une prémisse intéressante, c'est-à-dire les trois décennies de consolidation des talibans en terre pashtoune (Jones, 2010, pp. 331-332), il sous-estime la fragmentation et l'importance des autres groupes, ne tient pas compte des autres dimensions de la politique étrangère des États-Unis et n'évalue pas d'autres facteurs très importants comme la porosité des frontières et la croissante instabilité régionale.
En ce sens, et paradoxalement, il s'avère que les libéraux et conservateurs semblent beaucoup plus enclins à l'usage de la force militaire que les réalistes eux-mêmes quand il est question des intérêts des États-Unis à l'étranger (Schougen, 2012). Plutôt, les néoréalistes Mearsheimer et Walt considèrent que la défense des intérêts américains pourrait se matérialiser avec la stratégie du « offshore balancing7 » qui pousserait les États-Unis à mettre vraiment l'accent sur ce qui compte pour la préservation de sa puissance hégémonique : « preserving U.S. dominance in the Western Hemisphere and countering potential hegemons in Europe, Northeast Asia, and the Persian Gulf » (2016, p. 71).
En effet, comme le mentionnent les néoréalistes qui ont signé la carte pour appuyer la fin de l'intervention américaine, il y a très peu de garanties de succès en Afghanistan et les ressources américaines sont compromises dans un conflit où l'intérêt national n'est plus en jeu comme c'était le cas en 2001. Pour les réalistes structurels, il s'agit donc de réorienter la stratégie politique américaine en faisant un effort pour appuyer les pourparlers avec les talibans modérés et recadrer les énergies de la politique étrangère vers la réelle menace, Al-Qaeda et les autres groupes irréguliers affiliés (Smith, 2009a).
En somme, dans cet article, j'ai voulu démontrer la thèse selon laquelle la persistance de l'occupation militaire en Afghanistan était contraire à l'intérêt national américain, à la maximisation de sa puissance et à la sécurité nationale. Plutôt, comme le soutient Mearshei-mer (2001), l'objectif principal des États-Unis, pour défendre leur sécurité nationale, devrait être de combattre les groupes insurgés qui, selon l'auteur néoréaliste, représentent la réelle menace à la survie politique, culturelle et militaire de l'hégémon.
Notas
1 En arabe, du point de vue littéraire, mujahid veut souligner la personne qui s'engage au nom du jihad. Le terme est ici utilisé pour faire référence aux groupes islamistes afghans qui s'engagent dans la lutte politique radicale en légitimant leurs actions violentes sur la volonté divine. Comme le mentionne Ahmad, mujahideen est un « Arabic-Persian word referring to the people who believe they struggle for Islam and in the path of God » (2013, p. 6).
2 Dans cet article, j'utiliserai comme synonyme le réalisme structurel et le néo-réalisme puisque je me concentre essentiellement sur Mearsheimer et son réalisme offensif tel que compris par Macleod (2010a).
3 Walt identifie dans ce texte quatre exemples qui se réfèrent aussi au contexte historique dans lequel il écrit : la Somalie, le Sierra Leone, le Libéria, le Rwanda et l'Afghanistan (2001/02, p. 62).
4 Il faut ici comprendre que, bien que les prémisses de Mearsheimer expliquent la volonté offensive des États-Unis aux lendemains du 11 septembre 2001, l'application théorique de celles-ci ne signifie pas que Mearsheimer lui-même ait été d'accord avec l'intervention et l'occupation en Afghanistan. De fait, très tôt en novembre 2001, il s'oppose dans un texte du New York Times (2001) à l'approche militaire en regard de la question afghane. Il considère alors plutôt que l'accent doit être mis sur le combat de la force criminelle transnationale que représente Al-Qaeda.
5 Je suis consciente des multiples débats existants sur les « États faillis » : j'adopte ici la terminologie pour faire écho aux propos de Walt (2001/02).
6 Hamid Karzai est nommé à la tête du gouvernement de transition en 2001 et postérieurement élu en 2004 jusqu'en 2014, date à laquelle sera élu le président actuel Ashraf Ghani.
7 Mearsheimer et Walt (2016) comprennent le concept de « offshore balancing » comme étant une possibilité pour les États-Unis de préserver leur statut d'hégémon sans pour autant devoir poursuivre une « grande stratégie couteuse. Plus important encore, le « offshore balancing » permet de maintenir les États-Unis plus sécuritaire sans pour autant perdre sa puissance : au contraire, il s'agit de réaffirmer son hégémonie dans l'hémisphère occidentale.
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